Être maman en temps de pandémie
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Être maman en temps de pandémie

Je me rappelle avoir scrollé sur mon cellulaire, début janvier, en me disant: << Wow c’est tout un virus en Chine, hein? >>

Plus tard, en février, avec ma fille de 2 semaines dans les bras, je discutais avec une amie: << Penses-tu que ça va se rendre jusqu’ici, c’t’affaire-là? >>

Ah, la douce naïveté pré-Covid.

14 mars 2020.

Bang! Que personne ne bouge. Aweye à maison.

Bien à l’abri, chez moi, je pensais à toutes les autres mamans qui, comme moi,  devaient vivre ces premières semaines sans soutien social, sans famille, sans amiEs. Je pensais à celles qui accouchaient pendant ces semaines complètement folles et je les trouvais braves.

Je me suis entretenue avec quelques mamans qui fréquentent le Centre Marie Eve afin de raconter comment elles ont navigué à travers la dernière année.

 

Camille est une jeune maman monoparentale de 28 ans. Elle a accouché d’une petite fille le 21 février 2020. La solitude est omniprésente, puisqu’elle s’occupe seule de sa fille depuis que celle-ci a six semaines.

En plus d’apprendre à être maman, elle a dû faire face à la pandémie sans aucun soutien et sans même pouvoir présenter son petit trésor à son entourage.

N’ayant pas les moyens d’avoir Internet à la maison, elle se sent présentement coupée du monde. Lors de ses sorties, Kim, qui souffre d’anxiété sociale, a l’impression que tout le monde est rendu sauvage, ce qui assombrit ses rares moments à l’extérieur.

Lorsque je lui ai demandé si elle avait des inquiétudes pour le développement social de sa fille, elle m’a raconté une petite anecdote. Il y a quelques semaines, son voisin était venu l’aider pour réparer quelque chose et lorsque sa fille l’a vu, elle semblait mélangée entre la peur et la curiosité. En plus d’être une nouvelle personne, il s’agissait d’un homme! Qu’est-ce que c’est?! Malgré tout, Kim ne semble pas inquiète, mais souhaite un retour à la normale le plus rapidement possible pour sa fille.

Ce dont elle a le plus envie en ce moment, c’est d’un bon souper en famille et retrouver un quotidien comme avant, sans masque, ni distanciation.

 

Gabrielle a 31 ans. Elle a trois garçons âgés de 9, 7 et 2 ans et a une garderie à la maison.

Elle m’avoue avoir fait un peu peur aux enfants dans les premières semaines du confinement.

<< On met son masque! >>

<< On se lave les mains! >>

<< Non, on ne peut pas voir les amis aujourd’hui! >>

Elle avait peur de l’attraper elle-même, mais surtout peur pour ses enfants.

Elle se dit beaucoup plus anxieuse depuis le début de la pandémie. Le manque de temps pour soi, les enfants 24/7, le manque de social, c’est la recette parfaite pour mener à l’épuisement. C’est d’être face à un problème sans vraiment d’issue possible.

Son garçon de 2 ans ne semble pas avoir été affecté par la situation, mais les deux plus vieux, oui. Ne pas pouvoir voir ses amis à cet âge-là, c’est assez difficile. Ils se chicanent tout le temps et semblent à bout de patience; c’est la conséquence directe du manque d’espace pour évacuer, ou être seul, tout simplement.

Pour elle, la dernière année n’a toutefois pas été seulement marquée de négatif. Elle a vraiment aimé avoir ses enfants près d’elle, malgré le lot de défis que ça engendrait. Elle me partageait que, dans le temps, les mamans restaient au foyer, et bien que tout n’était pas rose, ce n’était pas si fou que ça! Elle a su profiter de son été avec ses garçons au lieu de travailler et être sur un rythme plus smooth. Les enfants ont adoré ça.

Après presqu’un an, elle commence à retrouver un semblant de vie normale.

 

Marie-France est mère de deux adolescents et d’un bébé naissant.

Vivre une grossesse difficile seule a été une des pires périodes de sa vie. Elle se demande si, dans un meilleur contexte, son couple aurait survécu et aurait rendu cette période un peu plus douce.

Elle a dû renoncer à son désir d’être accompagnée à son accouchement, car la  seule personne avec qui elle voulait vivre cette expérience, sa mère, ne pouvait pas risquer sa santé fragile pour être présente.

Malgré la situation, Sonia s’est sentie soutenue par les services sociaux et les organismes comme le Centre Marie Eve qui ont fait un << travail remarquable >> pour l’accommoder et assurer un suivi réconfortant.

Elle profite maintenant, avec son bébé, de son << petit cocon de paix >>, qu’elle apprend à savourer malgré la pandémie. Bien sûr, le manque de famille et d’amis se fait sentir et Sonia se questionne beaucoup sur l’avenir. Comme Camille, elle ne s’inquiète pas pour le développement social de son enfant à ce stade, mais souhaite que la situation se résolve rapidement.

Tout ce qu’elle désire en ce moment, c’est d’avoir enfin une maison remplie des gens qu’elle aime et d’aller dans les parcs remplis d’enfants.

 

À l’autre bout du fil, en discutant avec ces mamans, je n’avais qu’une envie: les prendre dans mes bras et leur dire qu’elles étaient formidables.

Être mère, c’est déjà tout un défi. En temps de pandémie, ça relève pratiquement du miracle!

Je suis persuadée que cette épreuve nous aura permis de devenir plus fortes et surtout, plus résilientes.

D’ici la fin de la pandémie, je nous souhaite d’apprécier chacun des instants partagés avec notre plus grande richesse: nos enfants.

 

Andréanne Pinard est entrepreneure, blogueuse et membre du conseil d’administration du Centre Marie Eve

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